journée du 7/09/14

MISE A JOUR LE : 1 Janvier 2014

6 SEPTEMBRE 7 SEPTEMBRE      8 SEPTEMBRE

 

EXTRAITS DU LIVRE " DE ORAN à ARRAS" d'un officier du 1 R.C.A.

7 septembre. — J'ai passé la nuit près de MONTHYON, dans un immense hangar à foin ouvert à tous les vents et où régnait une demi-obscurité, je me suis étendu, au petit bonheur, entre d'autres dormeurs dont la respiration bruyante m'empêcha tout d'abord de goûter le repos. Au matin, vers 4 heures, le jour naissant et le froid très vif alors sur ce plateau m'ont réveillé. Je me suis étiré, dressé sur mon séant et frotté les yeux. Autour de moi, mes compagnons de la veille et aussi des Marocains qui étaient venus gîter là après s'être bien battus toute la journée, étaient déjà levés. Dans le pré voisin, un sous- officier procédait à l'appel de ces thabors, correctement alignés sur deux rangs devant leur gradé soit cinquante survivants à peine sur deux cents. Ce sont des soldats très vaillants que ces Marocains qui, pour dix sous par jour, viennent se faire tuer à notre service .

7 septembre ( 3 heures) : La division, à laquelle on a rattaché la brigade marocaine, est engagée depuis le matin. Le général D... forme notre droite avec ses thabors; à cheval sur la route de Meaux à Villers-Cotterets, ils attaquent la cote 107 au sud- ouest de VARREDDES ,le général T... est au centre, à CHAMBRY , avec ses zouaves; enfin, à gauche, le général Q..., avec ses tirailleurs et ses zouzous, tient BARCY . A notre extrême droite, du côté de VARREDDES , le régiment de chasseurs d'Afrique surveille la vallée de la Marne et nous relie à l'armée anglaise. Derrière chaque brigade un groupe d'artillerie appuie l'action de l'infanterie, qui attaque face au nord- est. « De la bataille qui est engagée dépend le salut du pays », a dit Joffre. Il faut vaincre ou mourir. Aussi toutes les volontés sont tendues, braquées vers ce but suprême, la victoire! Il faut, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer!

Notre poste de commandement fonctionne à la sortie nord-est de PENCHARD , au centre de l'action, et toute la journée les officiers d'état-major et les agents de liaison vont, viennent, portant à cheval les ordres, parfois sous le feu le plus violent. La grosse artillerie allemande nous canonne, et sur nos têtes les taubes volent sans cesse, repérant nos positions et les indiquant par signaux à leurs observateurs, qui là-bas nous surveillent avec leurs Zeiss. L'instant d'après, la marmite arrive, éclate avec un bruit infernal ou parfois se fiche en terre sans percuter, car il s'en faut de beaucoup que tous les obus allemands soient parfaits. Toujours accompagné de Buratti, j'ai été l'installer en soutien d'artillerie dans un champ de betteraves face à CHAMBRY . Au retour et comme je longeais un boqueteau, nous nous sommes arrêtés à sa lisière pour suivre le tir des 77 allemands qui s'acharnaient en vain à démolir une de nos batteries de 75. J'ai pu constater, à cette occasion, combien les canons de nos ennemis sont peu susceptibles de déplacer leur tir latéralement, ce que les nôtres font si facilement avec leur terrible fauchage. Quand, d'aventure, on est sous leur feu et qu'on a sa liberté de manoeuvre, il est relativement facile de se garer en se déplaçant rapidement à droite ou à gauche. C'est ce qu'avait fait pour ses canonniers le capitaine D... dont la batterie, prise sous la rafale adverse, n'en souffrait pas trop. Abandonnant momentanément ses canons, il avait fait terrer à quelque cent pas à gauche son personnel, du côté opposé au boqueteau où je me tenais, et seul sous les obus, la jumelle à la main, il suivait, comme s'il eût été au polygone, le tir des Allemands, prêt à riposter à la première occasion. Autour de lui, les marmites volaient; elles accouraient avec un bruit de train rapide, puis éclataient ou s'enfonçaient dans le carré, d'environ cent mètres de côté, où s'inscrivaient les pièces. En face de moi, les canonniers, en bras de chemise, car il faisait très chaud, suivaient des yeux le spectacle, en attendant de se remettre à l'ouvrage.

PENCHARD : Neuf heures sonnent à l'église du village. Nos troupes se sont battues toute la journée, forçant partout l'ennemi à reculer, mais non sans subir elles-mêmes des pertes sanglantes. Les débris d'un bataillon marocain, ayant donné l'assaut vers la cote 107, entre Varreddes et Chambry, et qui viennent d'être relevés, rentrent joyeusement; ils suivent la grande rue pour gagner la place de la mairie, où ils vont s'installer en cantonnement- bivouac. Les hommes, dont beaucoup ont la tête bandée et dont certains, atteints aux jambes, marchent clopin-clopant, sont tout heureux à la pensée de la diffa qu'ils vont faire après avoir combattu quatorze heures de suite. Ils brandissent au passage des casques, des couteaux-baïonnettes, des fusils allemands conquis durant le corps à corps, car l'action fut chaude . Les lourdes pertes subies au cours de la journée les laissent indifférents, bien qu'il soit peu d'entre eux qui n'aient à regretter un camarade, un ami, parfois un parent. Mais qu'importe! Ce serait péché que de s'inquiéter du sort de ces braves, tombés sous les balles de l'infidèle, alors qu'ils combattaient sous le fanion que décore la main vénérée de Fatma .

HISTORIQUE DU 2 ème Régiment de Marche des Chasseurs Indigènes

Journée du 7 septembre :

A 20h00, le commandant du régiment qui n’a pas par suite de l’arrivée tardive des ordres, coopère à l’attaque qui s’est produite sur tout le front vers 18h00, décide de s’emparer de la côte 107,si elle est occupée par l’ennemi   et cela par une attaque de nuit. Il donne l'ordre à l’artillerie de prendre position  au Sud de la briquetterie et le régiment se porte vers la côte 107 . A 20h00 ,il s’arrête pour reconnaitre le point. On entend de nombreux bruits de circulation roulant sur la direction du N.E. de Varreddes  ainsi que des bruits de voix indiquant la présence d’un détachement ennemi.L’ordre est donné de bousculer l’ennemi et de s’installer sur le pont de la côte 107 (canal Ourcq).Une compagnie de Zouaves participe à l'opération.

Le mouvement se déclenche  vers 21 h00 . La riposte allemande est immédiate de tout coté. Nos lignes sont un peu surprises, mais continuent  l’attaque. Mais l’état de fatigue des hommes qui n’ont eu ni vivres et repos depuis 48 heures est extrème. Certains agenouillés en position d’attente  se sont assis et endormis. Les hommes se replient donc en désordre et cessent le feu. Le repli se fait en direction de ‘’la cantine ‘’ puis la ‘’briquetterie’’. A 22h30 ,le régiment est regroupé et passe la nuit en avant poste de combat. L’artillerie se replie sur la ligne de CREGY .

 Pertes de la journée du 7 septembre :

  •   8 tués
  • 41 blessés
  • 57 disparus 
Sur les hauteurs de VARREDDES LE 7 SEPTEMBRE 1914
Sur les hauteurs de VARREDDES LE 7 SEPTEMBRE 1914

Sur les hauteurs de VARREDDES LE 7 SEPTEMBRE 1914

auteur V