journée du 8/09/14
MISE A JOUR LE : 1 Janvier 2014
7 SEPTEMBRE | 8 SEPTEMBRE | 9 SEPTEMBRE |
EXTRAITS DU LIVRE " DE ORAN à ARRAS" d'un officier du 1 R.C.A.
Journée du 8 septembre. L'assaut d'ETREPILLY. — L'action de notre aile gauche, que commande le général Q..., s'est poursuivie avec plein succès hier dans la direction du nord-est et les détails nous en sont parvenus ce matin. Le régiment s'est engagé dès l'aube et a traversé dans la matinée Barcy qui, durant deux jours (7 et 8), s'est littéralement trouvé sous une pluie de feu. Aussitôt après en avoir débouché, deux bataillons se déploient face à la ligne Étrépilly-Varreddes. Il marche sur le clocher d'Étrépilly, qui seul apparaît de ce bourg sis dans le thalweg du ruisseau de Thérouane. A sa droite, le bataillon Henry d'Urbal, dont le commandant, un colosse de près de six pieds, large à proportion, dirige la canne à la main, superbe de calme et de courage, la marche héroïque de ses zouaves. Derrière le centre de la ligne suit en soutien le 3e bataillon. C'est dans cet ordre que le régiment combattra tout le jour, gagnant de l'avant et serrant sur sa gauche, à mesure que la fusillade et surtout les mitrailleuses ennemies éclairciront ses lignes, et combien!... D'Urbal, que sa haute taille désignait aux coups, tomba l'un des premiers, tué raide par une balle, que lui décocha sans doute un de ces tireurs d'élite dont la mission était de dégringoler nos officiers. Durant toute l'après-midi, les deux bataillons formant la ligne de bataille restent face à l'objectif, couchés dans les cultures, qui ne leur procurent qu'un couvert illusoire. Sur ce glacis, les zouaves ne peuvent plus avancer, mais JOFFRE a dit qu'il fallait tenir coûte que coûte et aucun ne reculera. Puis, la nuit venue, le général de brigade, qui de la lisière de BARCY a surveillé tout le jour, la lorgnette à la main, le mouvement de ces braves dont les rangs s'éclaircissent de minute en minute, les lance sur ÉTREPILLY, but de leur mouvement. Rapidement, ayant à leur tête leur chef, le lieutenant-colonel Dubujadoux, les zouaves s'avancent vers la lisière du village, ils progressent sous un ouragan defer, au milieu du bruit effarant des shrapnells, des obus de 105, du crépitement de la fusillade et du tac-tac-tac énervant des mitrailleuses dont les gerbes rasantes fauchent tout sur leur passage. Ainsi réduit de moitié, le régiment atteint ÉTREPILLY. Alors Dubujadoux commande: « En avant! A la baïonnette I » et pénètre l'un des premiers dans le bourg que ses zouaves traversent en trombe, massacrant tout sur leur passage et se jetant, l'arme haute, dans les maisons où l'ennemi s'est barricadé. ÉTREPILLY est enlevé tout d'une traite. . En dépit des pertes subies, les assaillants courent ensuite sur le cimetière, que les Allemands tiennent encore. Le lieutenant-colonel Dubujadoux trouva devantces murs crénelés une mort glorieuse: il tomba la cuisse broyée par une balle... (une balle dum-dum, comme on le constata plus tard). Plus de la moitié de l'effectif et les trois quarts des officiers étaient tombés au cours de cette charge mémorable. |
Journée du 8 septembre.
L'assaut d'ETREPILLY. — L'action de notre aile gauche, que commande le général Q..., s'est poursuivie avec plein succès hier dans la direction du nord-est et les détails nous en sont parvenus ce matin. Le régiment s'est engagé dès l'aube et a traversé dans la matinée Barcy qui, durant deux jours (7 et 8), s'est littéralement trouvé sous une pluie de feu. Aussitôt après en avoir débouché, deux bataillons se déploient face à la ligne Étrépilly-Varreddes. Il marche sur le clocher d'Étrépilly, qui seul apparaît de ce bourg sis dans le thalweg du ruisseau de Thérouane. A sa droite, le bataillon Henry d'Urbal, dont le commandant, un colosse de près de six pieds, large à proportion, dirige la canne à la main, superbe de calme et de courage, la marche héroïque de ses zouaves. Derrière le centre de la ligne suit en soutien le 3e bataillon. C'est dans cet ordre que le régiment combattra tout le jour, gagnant de l'avant et serrant sur sa gauche, à mesure que la fusillade et surtout les mitrailleuses ennemies éclairciront ses lignes, et combien!... D'Urbal, que sa haute taille désignait aux coups, tomba l'un des premiers, tué raide par une balle, que lui décocha sans doute un de ces tireurs d'élite dont la mission était de dégringoler nos officiers.
Durant toute l'après-midi, les deux bataillons formant la ligne de bataille restent face à l'objectif, couchés dans les cultures, qui ne leur procurent qu'un couvert illusoire. Sur ce glacis, les zouaves ne peuvent plus avancer, mais JOFFRE a dit qu'il fallait tenir coûte que coûte et aucun ne reculera. Puis, la nuit venue, le général de brigade, qui de la lisière de BARCY a surveillé tout le jour, la lorgnette à la main, le mouvement de ces braves dont les rangs s'éclaircissent de minute en minute, les lance sur ÉTREPILLY, but de leur mouvement. Rapidement, ayant à leur tête leur chef, le lieutenant-colonel Dubujadoux, les zouaves s'avancent vers la lisière du village, ils progressent sous un ouragan defer, au milieu du bruit effarant des shrapnells, des obus de 105, du crépitement de la fusillade et du tac-tac-tac énervant des mitrailleuses dont les gerbes rasantes fauchent tout sur leur passage. Ainsi réduit de moitié, le régiment atteint ÉTREPILLY. Alors Dubujadoux commande: « En avant! A la baïonnette I » et pénètre l'un des premiers dans le bourg que ses zouaves traversent en trombe, massacrant tout sur leur passage et se jetant, l'arme haute, dans les maisons où l'ennemi s'est barricadé. ÉTREPILLY est enlevé tout d'une traite. . En dépit des pertes subies, les assaillants courent ensuite sur le cimetière, que les Allemands tiennent encore. Le lieutenant-colonel Dubujadoux trouva devantces murs crénelés une mort glorieuse: il tomba la cuisse broyée par une balle... (une balle dum-dum, comme on le constata plus tard). Plus de la moitié de l'effectif et les trois quarts des officiers étaient tombés au cours de cette charge mémorable.